L'eau va
Publié le 3 Juin 2020
l’eau va, l’eau suit
son chemin
dans un sens,
l’eau qui ne connaît pas
le contresens sait
qu’elle coule par là,
c’est comme ça,
il n’y a pas de retour pour l’eau
qui va,
où elle va ?
elle ne le sait pas
elle suit son lit qu’on dit cours,
elle court, l’eau tout au long de
son cours,
mais son cours, comme elle le connaît !
elle l’a appris par cœur
c’est un cours au cœur
chaque petit caillou est là
imprimé, polycopié à l’encre mauve
et ça sent fort dans sa mémoire d’eau
qui est bien éduquée,
l’eau va, l’eau sent,
comme elle sent tous ses parfums qui lui
disent bonjour à son passage :
bonjour, eau, ce matin vas-tu bien ?
bonsoir, eau, tu continues ton chemin
jamais tu ne dors,
mais oui, eau, pour toi pas de lit pourtant
ils disent que tu en as un,
mais où poses-tu ta tête aquatique le soir ?
sur quel oreiller de basalte, de granite, de calcaire
poses-tu ta mémoire, laves-tu tous les tracas ?
il est un espace où l’eau se repaît, se calme,
c’est dans le petit marigot qui lui fait un croche-pied
taquin, un peu parigot, il lui fait de l’œil aussi le marigot,
viens prendre l’apéro, eau, je t’invite dans mon marigot de pastis
ici l’eau c’est un peu la vie
sans toi, tout est bien trop fort ; trop amer ; trop violent, toi,
tu nous dilue l’âme au cœur, tu nous fait couler les soucis
tu nous laves les pieds, les yeux et puis tu souris
dans le marigot, l’eau se détend enfin,
c’est l’eau qui va moins entrain
qui se poétise et qui s’humanise,
l’eau de la Sialinette qui va vers le moulin de la Broë
laver tant de farine
jouer à saute-mouton avec le meunier et
faire la bise aux châtaignes.
Carole Radureau (03/06/2020)