Tu es toujours là Pablo Neruda

Publié le 24 Septembre 2020

C’est un 23 septembre que tu es parti
Rejoignant la pampa marine de ton Isla Negra
Dans le ciel
Sans doute t’ont-ils aidé à partir
Ils voulaient certainement que
Plus vite
Tu rejoignes ta demeure éternelle
Pour y labourer les vagues révolutionnaires de l’océan
Mais je ne t’oublie pas
Tu es toujours là Pablo Neruda
Ça oui, tu es toujours là
D’ailleurs tu me suis comme mon ombre
Je ne sais pourquoi ma destinée semble liée
A la
Tienne
A ce point
Imprégnée de ta parole
Sollicitée par ta pensée
Questionnée sans cesse par tes questions
Je vis pour la poésie
La poésie est en moi

Chaque jour je me rappelle tes mots
Pour chaque moment vécu
Par exemple aujourd’hui
Je me dis :
Ecrire, écrire
Pour ne pas mourir
Hier je repensais à tes chaussettes furieuses
Avant-hier à l’armure de l’artichaut
Je relisais ce passage d’une grande beauté sur l’ode à la vie
Je cite :
La vie nous attend
Tous
Qui aimons
La sauvage
Odeur de mer et de menthe
Qu’elle a entre les seins.
Et je me disais quelle injustice qu’on t’ai tronquée cette vie
Tu avais tant encore à nous dire
A nous apprendre
Les apprentis d’automne aimeraient avec toi
Galoper pour installer l’automne cette saison qui t’étais chère
Dans laquelle on sent tant d’arômes
On sent tant de messages de la nature qui entre dans son
Grand durcissement
L’odeur des figues
Des confitures de figues
De la tarte aux figues avec sa robe de miel de châtaignier
Envahi la maison
Tu vois je pense à toi
Toi si sensuel si terrien si amoureux des fruits de la terre-mère
Tu aurais aimé cette couleur de vin tanique et rusé
Tiré frais et dégusté tel quel au sortir du pis de la vigne
Tu aurais aimé et disserté sur la poésie des petits grains de figues
Tout collés au fond de la casserole
Comme des amoureux transis venant même
Se coller, sur les poignets

La vie est encore là pour nous
Cette grande illusion
Je t’écris aujourd’hui jour de ta fête qui n’en est pas une
Je ne pourrais pas éditer ce texte comme à l’habitude
Je passerais donc par des canaux différents
Ne me tairais pas, oh ! Non, il ferait beau voir
Que la poésie que toi et moi avons caressée dans le sens du poil
Se laisse titiller par l’adversité de cette vie d’illusions
Mais les grains, les graines semées sont semées dans du terreau solide
De la bonne terre franche qui a su tirer le bon grain de l’ivraie
Il faut continuer à s’exprimer il le faut
Il faut continuer à célébrer il le faut
L’histoire a écrit des pages sombres qu’aucun de nous doit oublier
La poésie, la musique, le folklore sont là pour hisser bien haut
Le devoir de mémoire

Tu es toujours là Pablo Neruda
Frais comme toujours, réel comme toujours
Vif comme une truite
Gai comme le congre au jus qui bouillonne
Accompagné de sa petite sauce que je ne connais pas.

Tu verrais où en est ton pays
Franchement je crois que tu retournerais sans doute
Labourer les vagues de l’océan du ciel à la recherche
D’une figure de proue des années 70 ces belles années
Trop courtes
Où l’espoir d’un monde meilleur pour le Chili
Pour le monde
Etait permis.

Ils ont fauché nos belles graines
Mais pas leur pensée, oh, non pas leur pensée
Resurgit la mémoire collective quand la foule retrouve
Le chemin de la rue
Les choses sont stagnantes inquiétantes et funestes
Mais un jour la conscience gagnera du terrain
Sans doute ne le vivrais-je pas
Sans doute est-ce encore long
La terre-mère aura-t-elle encore le temps d’attendre
Nul ne le sait
L’espoir est une figue qui s’habille de la robe violette du poulpe aux grands bras
L’espoir est une figue qui ouvre grand son cœur pour y révéler ses grains joyeux
L’espoir est un châtaignier qui a laissé choir au sol son trésor
Pour le partager, en attendant, toi Pablo Neruda :
Presente !

Carole Radureau (23/09/2020)
 

Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Aragonite

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H
le passé est un présent chargé de futur ! ;)
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C
Los tres tiempo......un abrazo Sergio.