l'arbre qui fait parler de lui

Publié le 1 Mai 2024

Chatons femelles (en haut) ; chatons mâles (en bas) Par Kenraiz, Krzysztof Ziarnek — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6827995

Chatons femelles (en haut) ; chatons mâles (en bas) Par Kenraiz, Krzysztof Ziarnek — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6827995

Où sont-elles les fleurs du hêtre ?

Nous n’en faisons pas des bouquets

Nous ne connaissons pas l’anatomie de nos géants

Leurs petites intimités

Les organes-mères donnant naissance aux fruits

Pourtant le fruit nous le connaissons

Quoique celui-ci n’est pas le plus couru

Dans mon coin, peu de hêtres :

Peu de faînes

Je me souviens des tapis de faînes de mon enfance normande

Les faînes ? à pleines poignées

On pouvait les ramasser.

 

Dessin Cicely Mary Barker

 

Mais l’arbre est humble

Ou bien timide

Il ne révèle pas ainsi tous ses secrets

De plus il faut des arbres « vieux »

De plus ils sont très hauts

(H)être, ou ne pas (h)être

Là, est toute la question j’aimerais

Prendre une loupe et tranquillement

T’étudier

Hêtre de toutes les voluptés.

*******

Fleur de hêtre et chant de geai

Le geai chante-t-il comme le dit le dicton ?

Non, me direz-vous.

Pourtant il paraît que sa parole serait plus mélodieuse

Quand les adultes se rejoignent pour s’unir :

C’est sans doute de cela dont il est question.

Le geai est un imitateur.

Ne croyez pas non plus qu’il imite dame grive, non.

C’est la buse variable qu’il copie ce coquin.

Alors, gare à vous !

Le geai est amateur de glands et son nom ne nous trompe pas

Seulement les autres fruits,

Il ne les boude pas.

 

Incontournable geai à la beauté farouche

A la beauté sophistiquée

Un mélange de sauvage et de distingué

Pour caractère bien trempé

Ils voudraient nous le faire haïr, détester

Voire le poursuivre le harceler pourquoi pas le tuer (c’est permis)

Cela me fait penser à d’autres qui subissent ce sort, des gens, si, si

Cela est également permis.

 

Les geais sont des oiseaux fantastiques

Des enchanteurs de bois que dis-je

Des enchantés

Ne pas les aimer c’est votre droit

Moi, je les aime ainsi que tous leurs cousins magnifiques

Je me sens même proche d’eux car en Amérique latine parfois

Leur nom espagnol est mon nom de jeune fille (avec un seul r)

C’est un peu mon animal-totem (j’en ai tant !).

 

 

Que dit le dicton, dit-il vrai

Est-il encore fils de la saison ?

Le bouleversement climatique bouleverse jusqu’aux dictons des jardiniers

Ces paroles de sagesse

Souvent vérifiées

Qui dictaient comme il se doit le calendrier des cultures

Chacun par cœur les connaissait

Nous berçant, chaque jour ou presque d’une parole

De sagesse

De réflexion

Ce qui manque beaucoup aujourd’hui

(ici nulle raison d’incriminer le réchauffement climatique).

 

Carole Radureau (01/05/2024)

 

Petite diversion sur le dicton : En mai fleurit le hêtre et chante le geai

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #Oiseaux muses, #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 17 Février 2024

 

Je ne pourrais pas te montrer arbre que je viens de baptiser

Le maté à ton pied pour offrande est la force que je te donne

Fils des bois

Tu soutiens la colline de tes puissantes racines

Tu regardes ce ciel qui semble te happer, source vive

Avec lui sur ta cime le bleu est un bijou coiffant ta chevelure non encore dévoilée

Le bleu est un appel à rire et à rêver propulsés par tes bras

Je t’ai choisi ou est-ce toi qui m’a choisie, promeneuse, gravissant

Difficilement les escaliers de ta ruelle pentue

Ton tronc si droit est comme une invitation

Tes écorces si bien rangées donnent envie de décrire ton morse sylvestre

Tu domines un espace où peu te concurrencent

Le sous-bois est jonché de débris de tes frères tombés

Tout naturellement,

Tout

Naturellement,

Ici le ménage n’est pas fait et tant mieux

Seulement,

A y regarder de près, peu de bébés arbres semblent pousser

Nuls glands sur le sol cet hiver

Nuls petits germes promesses de renouveau

De repeuplement

Où sont-ils passés ?

Toi qui regardes le ciel droit dans les yeux

Toi qui a la taille, la force

De recevoir nos oiseaux

Dis-moi si là-haut dans le profond secret des nuages

Transparaît la moindre inquiétude ?

 

Vis le moment présent comme moi, dis-tu

Aspire le rayon de soleil à pleine peau, à pleins poumons

Rigole de ce qui est drôle

Rêve de ce qui est joli

Profite des premières floraisons

Respire quand l’air est encore pur

Demain sera un autre jour.

 

Carole Radureau (17/02/2024)

 

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 19 Juillet 2023

 

Les petits départs

Ne font-ils pas

Les grandes arrivées ?

 

Là où ça pousse gentiment

Ça grandit en clamant

Un désir de liberté.

 

Les petits départs

Cultivant l’humilité

Laissent pousser en eux

Des graines capacitaires.

 

C’est en avançant, léger

Que l’on ne fatigue pas

Sa monture.

 

Il faut cultiver la mémoire lumineuse

Grandir sous son œil sévère

Croître juste ce qu’il faut

Pour atteindre la canopée.

 

Les petits départs

Font les grandes fiestas

Un jour se pare la couronne

D’un halo de feuillage.

 

Un jour peut-être se construit

Un nid

Dans un ex petit départ

Qui a tout soudain grandit

Même si cela lui prit douze ans.

 

Le nid c’est la récompense

Car dans la joie de voir grandir

On voit la joie de l’insouciance.

 

Et le désir

De voir grandir son parasol

Pour en faire une ombre si propice

Que chaque année

Viennent ici nicher

Tous les oiseaux de la terre.

 

Carole Radureau (19/07/2023)

 

Inspirée par cette photo de Gianni

Les petits départs

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 17 Juillet 2023

 

Ici l’écorce se fait rouleau

Ici l’écorce se plisse

Elle laisse échapper la parole

Et le mot

Vers la destination inconnue

 

Ici le tronc n’est pas nu

L’on imagine dans ses ravines

De petites colonies d’insectes

Qui se tiennent à la queue leu leu

Pour gravir la colline

De

L’

Arbre.

 

Il y en a de plus en plus dans le bois

De ces arbres-là

Sont-ce des robiniers faux-acacias ?

Ce ne sont pas des espèces natives

On les remarque, on ne distingue pas

Toujours la canopée

Ici l’on ne sait pas identifier

Les essences…..

L’essence tue l’essence

Le mot chasse le verbe

La parole de l’arbre est sacrée

Quoi qu’il en soit.

 

L’arbre fait parler de lui

L’arbre aime que l’on parle de lui

(pas pour dire qu’on l’a abattu non)

L’arbre adore être le héros des légendes

Des contes, des mythes, des mythologies

Il est plus souvent le héros des sciences

Quid de toute son anatomie ?

 

Cherchons le guide

Trouvons-le

Ce n’est plus possible de ne savoir mettre de nom

Sur untel ou unetelle

Autrefois les gens connaissaient leur habitat

Tout ce qui y vit, tout ce qui y pousse

Connaissant chaque bienfait les toxicités parfois

Nous, nous nous comportons en touristes

En promeneurs pas toujours observateurs

Nous posons notre regard sur telle espèce

Sans savoir la nommer

Où est-il le guide ancien qui nous aurait formé

Où est-elle l’ancienne qui nous guiderait

Dans le dédale des bois, nous formant ?

 

Nous souffrons d’un effondrement culturel

D’un désintérêt pour notre lieu de vie

Nous souffrons d’un regard exigu

Toujours portés que nous sommes sur ce qui nous sert

Comme des consommateurs.

 

Mon écorce a parlé elle a dit vous avez compris

L’on ne peut continuer à errer sans savoir

A connaître l’au-delà

Sans connaître son territoire

La vie est un apprentissage permanent

Se former s’est permettre à l’écorce de parler

De l’entendre d’en tirer les enseignements

Se former, étudier s’est ne pas laisser la proie pour l’ombre

Le ver dans le fruit méconnaissant la fleur

Se former s’est vaincre toutes les ténèbres

C’est assoir au cœur de la forêt

Le siège de l’érudition.

 

Carole Radureau (17/07/2023)

 

Inspirée par cette photo de Gianni

Ecorces en mal de mots

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Publié le 6 Juillet 2023

Ils m’ont laissé en plan….

 

…..c’est à dire que j’ai toute ma tête

Bon, en partie

Bien ancrée dans la terre-mère.

 

Ma tête ce sont mes racines

Je sais, c’est le monde à l’envers

Moi, je le vois ainsi

Mes racines me parlent

Elles vibrent comme des vibrisses

Me disant : « Ne t’inquiètes pas,

Nous sommes encore là ! »

 

Et c’est tout leur réseau de communication

Qui est encore activé

C’est ainsi que certains peuvent penser

Dans leur cervelle mal éclairée

Pouvoir rompre de tels liens

Liens invisibles et précieux

Osmoses et écosystème

Rien que cela

Qui se déroule là,

En-dessous le plancher

Où ceux qui marchent avec leur tête

Soit disant pensante

Se sentent si forts.

 

Si forts qu’ils pensent tout détruire

Ne pas reconstruire

Qu’ils pensent tout accaparer

Que pas un seul organisme vivant

Pas une seule onde

Ne se révoltera !

 

Mais la révolte est là qui gronde à tout moment

Elle est cataclysme elle est sécheresse

Elle est inondations elle est famine

Elle est virus elle est disparition d’espèces

Les deux pieds dedans ils ont

Les deux pieds dedans.

 

C’est ce que me dit ma tête penseuse

Là, bien en-dessous de la terre

Si vous saviez comme ils rigolent là-dessous !

 

Normal !

Ils sont en sécurité

Les champignons copains de nos cellules

Les micro-organismes

Les bactéries

Les minuscules, les incompris

Qui, lorsqu’ils débarquent

Leur santé est si compromise à ces grands penseurs

Qu’ils en tremblent, qu’ils seraient alors

Prêts à tout offrir,

A tout promettre,

A tout entreprendre,

Pour que leur espèce,

Ne disparaisse pas.

 

Ce qui me semble fortement compromis.

 

Que voulez-vous

Les parasites un jour, toujours trouvent

Leur maître.

 

Ce n’est pas moi qui le dis.

C’est ma tête (mes racines quoi !)

Qui sont savantes car très âgées

Elles ont puisé dans la terre-même

Leur sagesse,

La véritable sagesse.

 

Celui qui ne connaît pas la tendresse de la terre

Sur sa peau

Ne connaît pas la sagesse.

 

Vous comprenez pourquoi tout va mal

Pour les hommes ?

 

Carole Radureau (06/07/2023)

 

Inspirée par cette photo de Gianni

 

 

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Publié le 26 Mars 2023

 

Il y a dans ce bois de vieux bois

Honorables et respectables

Que je veux ici

Chanter.

 

Un arbre particulièrement

Qui me parait étincelant

De longévité

Son tronc le dit

Sa taille le dit

Je l’ai appelé Merlin.

 

Il lui fallait un nom.

 

Car lorsque je passe devant lui

Sur le petit chemin bordant le ravin

Je le caresse

Je lui parle

Je me connecte à sa sagesse.

Je veux le nommer

C’est mon égo certainement qui me dicte cela

Qu’importe

J’aime donner des noms

Identifier

Comme pour personnaliser.

Ce sera Merlin, vous le connaissez bien

Il est évocateur.

 

Mon Merlin qui est-il

Un chêne probablement

Je ne me suis pas posé la question de son espèce

Qu’importe il est là

Qu’importe l’air ou la chanson

Le vénérable et véritable

Qui soutient de ses racines

Une colline entière

Celui qui domine

Lorsque nous arrivons dans le ravin

Comme dominent tous ces géants préservés

J’imagine le réseau de racines

Comme une ville en miniature

Avec toute ses interactions

Avec tous ses parallélismes

Avec tous ses organismes complices

Avec ses mots et ses non-dits

 

C’est cela que l’on détruit

Quand on abat l’arbre

Qu’on le déracine

On enlève l’oxygène vital

On enlève le nutriment vital

On déchiquète un habitat subtil

Qui nourrissait, abritait des millions de vie.

 

Merlin, quand je le vois me dis tout cela

Il est tel le phare sur la ravine

L’oiseau de la sagesse

Le grand observateur

S’ils décidaient de l’abattre, jamais ou peut-être

Je m’enchaînerais à lui

Pour combattre l’ennemi

Je me battrais pour l’arbre dénommé

Comme je me battrais pour ce qui m’est possible de combattre

A ma façon

Avec peu de forces

Juste beaucoup de passion, d’énergie, de valeurs

Qui sont les graines de la lutte aboutie.

 

Carole Radureau (26/03/2023)

 

 

Merlin

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 11 Février 2023

 

Les cyprès sont cyprès

Leur âme sort du vert profond

Comme une luciole furibonde

Piquée au vif.

 

Le pinceau l’a pincée

Il a si bien capté le synonyme

Noir-vert de la mort

Dans lequel est habite inconsciente.

 

Mais les cyprès ne sont jamais trop près

Ils aiment l’éloignement que

Leur confère

Leur élégante silhouette.

 

Ils veulent embrasser le ciel

Toucher de la cime cette fleur

De coton, là-bas dans les nuages

Ils veulent embrasser la lune

C’est pour cela que parfois,

Ils sont tordus.

 

Les cyprès sont heureux d’admirer

A leurs pieds la petite prairie ondulante

Les herbes folles qui s’affolent

Sous le pinceau qui les voit

Batifolant, légèrement.

 

Ils aiment dans leur dos la montagnette

Qui grimpe tranquillement jusqu’au ciel

De vaguelettes.

 

Les cyprès sont cyprès qu’on dirait

Qu’ils dansent

Charmés par un chant    serait-ce

Celui des cigales ou bien

Celui du peintre ?

 

Mais ce peintre n’est pas très gai

On dit qu’il aurait présagé la mort

En peignant ce tableau

Qui n’a rien de mortifère, non, ce

Tableau qui danse dans toute sa surface

Comme dansent en Provence les composantes

Comme se dressent majestueux les cyprès

Sentinelles qui viennent couper

Un paysage, certes

Au couteau,

A leur plus grand avantage.

 

Je suis allée en Provence

J’ai aimé les cyprès   les voir cyprès

Je ne pouvais m’en passer

Les voir, torturés tombant de gauche

Tombant de droite

Naviguant, serviles, au gré du vent

Cette apparence chien fou me plut

Je les aimais passionnément.

 

Il ne manquait que la rondeur

Que le sens tournicotant que prit ici

La peinture pour désigner l’effet du vent

Le vent est un dessinateur de paysage

Le vent est un grand ordonnateur.

 

Les cyprès sont cyprès

Qu’on sait bien qui ils sont

A les voir cyprès qu’on ne songe, non,

A la mort sinon à la vie car le cyprès

C’est la vie qui vibre de ces milles

Petites lucioles de la conscience.

 

Carole Radureau (11/02/2023)

 

Inspirée par le tableau de Van Gogh, Les cyprès 1889

Par Vincent van Gogh — art database, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2702760

Par Vincent van Gogh — art database, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2702760

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 29 Décembre 2022

Par Amanda Slater from Coventry, England — Wollemi Pine. Mount Tomah Botanic Garden. NSWUploaded by berichard, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6635554

Par Amanda Slater from Coventry, England — Wollemi Pine. Mount Tomah Botanic Garden. NSWUploaded by berichard, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6635554

« Quand l’homme rompt l’équilibre du monde,
la forêt fait d’énormes sacrifices pour rétablir cet équilibre. »

Hayao Miyazaki, Nausicaä de la vallée du vent

 

Sur un parchemin à bulles

L’eau de l’histoire

Suit

Un chemin

Décalqué.

C’est comme une bille dans le flipper

Qui se cogne sur des obstacles

Faisant tinter une certaine musique

Tintinnabulant.

Le clair moment du jour où la cime

Est dégagée

Ciel qui s’efface devant le vénérable,

Le survivant.

Il a fait tous les efforts

Non, ce n’était pas facile tout ce temps

D’être

De

Ne

Pas

Disparaître

Car avec soit c’est un monde qui s’éteindrait.

Non, ce n’était pas facile de se voir,

Isolé,

Les frères partis en fumée,

L’horizon qui s’amenuise.

Ils décidèrent enfin de protéger son espèce

De ne pas révéler le lieu unique où elle vit

Puis de permettre aux boutures

Là-bas, à l’étranger

De

S’implanter :

C’est pour le réservoir à espèces.

Ils font pousser des arbres en cage

C’est dire leur rareté.

Peut-être la muse, égarée

Entendra-t-elle le chant du pin de Wollemi

Sortir d’une gorge étranglée

Tel le canari marri depuis longtemps

Où un petit cri étouffé

Un peu irritant

Comme la perruche à collier, fille des airs ?

Le chant du pin perdu est à naître

Me dis-tu ?

Je m’en vais de ce pas l’inventer.

 

Carole Radureau (28/12/2022)

 

Pin de Wollemi

Wollemia nobilis

Araucariacées

En danger critique d’extinction

 

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Rédigé par caro et hobo

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Publié le 28 Décembre 2022

Par W. Bulach — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=64587917

Par W. Bulach — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=64587917

 

« La forêt est un état d’âme. Les poètes le savent. »

Gaston Bachelard, La poétique de l’espace

 

De ma très haute et très vieille cime

Je regarde la terre qui tourne mal

Fille égarée.

Moi l’ancien du Jurassique

Lentement, prenant mon élan,

Elastique éternisant, fils de la vie et des bois

J’essaie de me terrer, de me cacher

Les champignons ont raison de moi.

C’est qu’ils ont affaibli ma famille les hommes,

Ils ont tout déforesté

Nous laissant, nous les géants

A l’abri sous les fougères,

Nos exfoliations jonchant le sol

Afin que nulle végétation ne vienne

Comme sur nos troncs, nous parasiter.

Qu’à cela ne tienne, notre avenir est compromis

Pourtant, nous avions fière allure

Voguant, pirogue Maorie sur les flots

Il aurait fallu prélever le nécessaire

Les colons n’ont pas su faire

C’est toujours la même histoire

Une histoire à ranger dans le placard miteux

Avec les espèces dûment sacrifiées.

Je ne me plains pas puisqu’on écrit sur moi

La poésie pose, légère, sa plume de commère

Pour bavarder un peu :

J’ai tant à dire

Moi, presque un dieu, le seigneur de la forêt

Rien que ça, auront-ils pris soin de moi

Comme la muse l’aurait fait ?

 

Elle m’aurait couvert de rimes et de mots doux

M’aurait caressé dans le cou (si jamais elle avait pu l’atteindre à 51 mètres de haut)

Elle m’aurait fait croire que j’étais le plus beau

Le plus précieux

Le plus délicat

Le plus gentil

Des oiseaux se seraient perchés sur moi avec délicatesse

Se posant sur la portée de mes nervures

Comme sur un fil électrique

Ils auraient chanté

Je me serais laissé bercer, magiquement,

J’aurais été bien, heureux,

Au firmament de mon âge, mon très vieil âge (j’ai pas loin de 2000 ans)

J’aurais pu me laisser aller, lâcher prise

Et ronfler enfin

Sans craindre le vent, la tempête, les conquérants, les maladies.

 

C’est une autre histoire alors que je suis debout

Vous regardant, hommes-fourmis

Qui pensez être forts en tombant de tels géants

Alors que vous tuez de bon cœur

Votre avenir sur cette terre.

 

Carole Radureau (27/12/2022)

 

Kauri

Agathis australis

Araucariacées

Quasi menacé

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Rédigé par caro et hobo

Publié dans #L'arbre qui fait parler de lui

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Publié le 17 Mars 2022

 

.......fragments de Vivarais....

 

 

Il faut écouter l’écho

L’écho qui vient de très loin

Derrière les monts derrière les mots

Derrière les sempiternels conflits

 

J’ai mis mon casque

C’est pour entendre les bruits de ce monde

Je suis curieux de nature

J’aime être au courant

Avec les ondes aux filets de châtaigne

Ils n’ont rien inventé de mieux

J’entends par-delà le temps

Je plonge dans la nuée de verdure

De l’autre monde moyenâgeux et

Ressort comme une fraîche châtaigne qui reluit

Tout tendrement

 

Je passe bien au-dessus des censures

Je suis informé non stop

Pas un seul petit gargouillis de ce monde qui m’échappe

Ah ! je suis le grand communicateur

 

Ensuite le problème qui se pose

C’est l’analyse

Le casque de châtaigne ne m’a pas fourni l’école

Où se forgent les esprits où se calculent

Les probabilités etc.....

Allez ! qu’à cela ne tienne

Avec les ondes veloutées de feues les dames châtaignes

Me voici comme préparant la soupe

Jaugeant pesant jugeant

C’est du velouté !!

 

J’ai mis mon casque avec toutes ses petites ondes

Merveilleuses

Parfois ennuyeuses quand ça grésille

J’entends par-delà les sucs

L’écho des Savanes

Les savanes de genêts les savanes qui gargouillent

Comme des petites grenouilles que l’on a piégées

Pour leur mettre dans la bouche l’eau d’un ru

Directement ! Ils n’ont peur de rien !

 

Moi, j’ai tout compris du monde des hommes !

Non pas que cela me soucie qu’ils fassent tout de travers

Nous, les arbres sommes immortels :

Je veux être un érudit

Car l’arbre est un érudit

D’ailleurs ne niche-t-il pas en nos demeures

Le hibou qui sait tout ?

 

Je veux tout savoir

Je veux tout comprendre

Je veux avoir de la rhétorique et de l’esprit d’analyse

Je veux me référer à l’histoire

Mettre mon savoir sur la table

Le superposer au moment présent

Voir où ça dépasse, où ça fait mal où ça va mal

 

Alors j’écoute

Comme celui qui entend les bruits de la vie dans le ventre de la future mère

Celui qui dicte les conduites à tenir

Car il a la sagesse

 

Je veux tout savoir

Parce que le pic m’a lancé un défi

Le défi de la connaissance : 

Je ne dois pas perdre face au pic

Une question de fierté !!

 

Carole Radureau (17/03/2022)

 

Inspirée par cette image de Serge

 

 

L’écho des sucs

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