Elle volait

A contresens

Sur l’autoroute illégale

Et sans fin de la vie.

Elle était égarée

Loin bien de loin de chez elle :

L’île-mère.

C’était un papillon éphémère

Qu’il fallait

D’urgence

Capturer

Qui sait si ce n’était pas le dernier

A vivre dans ce monde de fumées.

Le moucherolle, vite

Capta le sens de ce message profond

Le moucherolle, vite

S’empara délicatement de lui

Il en fit son sucre et son sel

Le papillon lui offrit son sable

Il le saupoudra gaiement :

La beauté tout soudain

Lui

Sourit.

Carole Radureau (08/11/2023)

Moucherolle à croupion roux (cnemarchus erythropygius)    

….adjectifs délivrés aux oiseaux…

« La mélancolie c’est quelquefois rien, c’est quelquefois trop »

Léo Ferré

La mélancolie c’est quand un oiseau

Oublie de chanter le matin très tôt

Il a l’air tout triste

Il a mis sur son do

La cape invisible qui étouffe l’eau

Être mélancolique, l’oiseau ne sait pas

On peut lui prêter des mots mais de maux

Lui, n’a pas

L’oiseau est gai, être gai, sa nature

Être vif, vésillant

C’est là l’oiseau-présent ;

Déjà on l’appelle oiseau tyran

De tyran il n’a que le nom, lui

Si grand dans la noblesse

Malgré sa petitesse

C’est un oiseau sacré qui mérite bien mieux.

Il doit chanter triste, peut-être chanter funeste

Car les noms sont souvent un reflet, une sensation

Une pensée populaire

Les gens sans cesse

Se plaisent à imiter les cris et les chants

Ils voudraient être appeaux

Ils ne sont que pâles

Imitateurs

Car tout le monde n’est pas moqueur polyglotte

Tout le monde n’a pas de poil à la glotte

Une malformation qui exempte d’un trait

L’apprentissage des langues

Chez lui, c’est tout prêt !

Ils sont bien, les mots collés aux oiseaux

Ils nous font parler, ils me font écrire

Ils nous penser, ils me font écrire

Ils vous feront lire

Et c’est très bien ainsi.

Parlant mélancolie :

Ferré, c’est ici :

https://www.youtube.com/watch?v=qYFtZll9cco

Carole Radureau (08/11/2023)

Tyran mélancolique (tyrannus melancholicus)

Le fils de l’Inca

Siège

Sur la branche

Là-bas dans la selva

En haut de la canopée.

Il règne sur cet univers

Il crie parfois

S’énerve parfois, alors

Sa houppette bleue

Accélère la moulinette à remontrances.

Il ne s’exprime pas pour commander

Non, il

S’éclaircit la gorge

Car le geai à la voix haute

Rauque et un point racoleuse

C’est ainsi que le geai s’exprime

Sa mère, Dame Soleil a ses raisons.

Là où la loi de la selva règne :

Sur la branche,

Le geai a dicté sa parole sucrée

C’est lui le fils de l’Inca

Ecarquillant sa houppette

Il évite les nuées d’insectes

Qu’il rouspète par-dessus tout

Il est difficile de se distinguer

Dans la selva remplie d’oiseaux

D’oiseaux de toute beauté

De toutes les originalités

De toutes les paroles et de tous les sons

De toutes les beautés de ce monde

Très très très

Diversifié.

Carole Radureau (07/11/2023)

Geai vert (cyanocorax yncas)

Inconnu trop connu

Le soleil a déclaré sa flamme

Ton nom en toi luit :

Rayon de joie : Inti.

Nulle nuit sans lune

Quand Inti l’oiseau sautille

D’un pas alerte sur les toits

De la canopée.

Il a trempé son bec dans le cœur

D’une orange

C’est pour faire un sorbet soleil-orange

Comme un songe un rêve de nougat

Un grand lit de fruits confits

Qui naissent sous l’ardeur d’Inti.

Carole Radureau (05/11/2023

Tangara inti (heliothraupis oneilli)      

Quid de la sombritude

De l’inquiétude

De la passéitude

Le matin se réveille avec une dame-soleil

Qui dicte

Quoi qu’il en soit sa loi.

Les bouches tombent les traits s’affaissent

Nulle info qui ne soit tristesse funeste

Nul espoir en la demeure

C’est que les infos sont le cimetière des rêves

Les infos empêchent la pensée constructive.

Pourtant il faut se tenir au courant, disent-ils.

Qui ?

On ne sait plus.

Était-ce dans l’enfance un savoir immémorial véhiculé

Par la bien-pensance

Était-ce à l’école par un maître forcément éduqué

Était-ce un dicton dicté par les journaux aux ordres

Comme une chanson à apprendre par cœur

Surtout ne pas déroger…

Je m’en fiche.

Les infos je les prends dans le panier au linge sale

Du bout des doigts.

Je les sélectionne les ordonne les range dans ma petite chambre de bonne

Je les rumine comme le linge dans le tambour qui ne bat jamais

La chamade de l’amour des hommes.

J’ai envie de sourire malgré tout ce sang.

Est-ce mal ?

Ca vient tout soudain au détour de mes images ailées

Toujours sélectionnées, toujours inédites :

Curieuse je suis de la découverte de la gent ailée.

J’ai mes faiseurs de sourire

Je vous les prête si vous êtes sages

Ce sont de petits mignons, pas du tout extraordinaires

(couleurs incroyables et flashies, crête sur la tête, jolies nuances, chant profond ou mœurs aventureuses)

Ce sont de petits mignons simplement petits

Mignons et surtout qui vivent bien cachés.

Ils ne font jamais la une des journaux

Même de ceux qui parlent d’eux

Ils ne sont pas appris, récités, montrés en exemple

Vantés ou que sais-je

Ils n’ont rien d’autre qu’un grand pouvoir :

Celui de dessiner

Sur une moue triste dès potron-minet

Un sourire innocent.

Ce sourire innocent fait du bien

Face à tant d’innocence

Face à tant de fierté

Dans ce tout petit corps.

Les infos peuvent avancer sur leurs rails défoncés par la haine

Le sourire reste là

Se rappelle à moi,

Je vois le petit sur sa branche

Avec sa tête digne avec sa portée sincère

Je souris malgré moi :

Qu’est-ce qu’ils sont forts ces oiseaux !!

Carole Radureau (04/11/2023)